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mercredi 18 février 2009

Le gothisme, une éclaircie sur un mouvement souvent trop sombre

Qui, aujourd’hui, peut se vanter de vraiment connaitre le mouvement gothique ? Car bien souvent assimilé au satanisme, au suicide ou tout simplement à la couleur noire, l’opinion public a fait des gothiques des phénomènes de foires, accumulant les préjugés, les rumeurs et idées fausses. Pourtant, bien plus qu’un simple style vestimentaire, il y a toute une culture qui entoure le gothique. C’est évidemment la littérature (Baudelaire, Lautréamont), la peinture (Mark Ryden, Ray Caesar), le cinéma (Tim Burton, Murnau), mais aussi et surtout la musique qui représentent les bases de ce mouvement venu tout droit d’Angleterre, construit au début des années 80, sur les cendres encore chaudes du punk, afin de se démarquer d’une société trop souvent oppressante à leur goût.


Nombreux sont les phénomènes de modes qui ont suivi les Hommes au fil des dernières décennies, mais le mouvement gothique est loin de faire parti de ces phénomènes populaires, il a plutôt tendance à évoluer en marge de la société. Apparu au Royaume-Uni, il s’est tout d’abord étendu à toute l’Europe pour finir sur les côtes des Etats-Unis et du Japon, marquant une forte contestation, bien que discrète, du système, de la société, de l’avènement excessif des télés réalités et prenant ses distances avec un discours punk considéré par les gothiques comme étant superficiel et sans fondement véridique.


Les influences du mouvement gothique sont à chercher du coté du cinéma expressionniste allemand, des romans d’horreurs, du romantisme noir traduit par le spleen baudelairien et deIan Curtis, chanteur du groupe Joy Division la philosophie existentialiste du XXème siècle. C’est par cette diversité des influences que l’on qualifie ce mouvement comme une « contre-culture » par rapport aux cultures conventionnelles de la société. Les gothiques s’entendent pour dire que le mouvement est né le jour de la mort de Ian Curtis, leader du groupe de musique post-punk Joy Division, le 18 mai 1980. Et 30 ans après cette sombre date, les gothiques sont toujours là, et les associations se sont multipliées avec, par exemple, la création de bars/concerts (le Kata Bar à Paris, ou la création du mythique club londonien The Batcave en 1982), de festivals (Wave Gotik Treffen ou encore Amphi Festival en Allemagne), de concerts (très théâtralisés, avec des costumes de scène inspirés directement des textes noirs des chansons à la manière de Christian Death), de magazines (Elegy et D-Side pour la France) et de rassemblements artistiques (le néo-surréalisme en peinture), festifs (les soirées Elektro-Chok à Paris, sorte de boite de nuit pour gothiques) ou spirituel (fêtes médiévales ou promenades en forêt).


Esthétiquement, le gothique se base sur un code vestimentaire sans définition précise mais respectant tout de même la prédominance de la couleur noire. Il s’inspire de ses modèles, perpétrés par les membres des groAlien Sex Fiendupes de musique. Les influences sont tournées vers la musique Post-Punk (Alien Sex Fiend, Virgin Prunes) avec ses crânes semi-rasés, ses piercings, ses modes outrancières symbolisant un certain libertinage sexuel, le port des Dr. Martens ou des New Rocks (grosses bottes style rangers avec bouts métalliques), le tout afin de sortir d’un certain conformisme dans lequel s’est enfermé la société. La musique Batcave (Bauhaus, Violet Stigmata), descendant tout droit de la New Wave, apporte au mouvement une notion d’ambiguïté sexuelle (androgynie) ainsi que la mode des habits noirs amples, des maquillages noirs fortement marqués, du teint blafard et livide et des coiffures en pétards, tout cela amené par une sur-médiatisation de certains groupes tels The Cure, Indochine ou encore Depeche Mode. A partir des années 90 apparaissent de nouvelles influences, l’indus et le métal, qui emportent avec eux une certaine touche de virilité dans le mouvement gothique avec l’avènement des treillis militaires, des rangers, des lunettes de soudeurs (appelées Gogles) et des masques à oxygène. Les fans de Marilyn Manson vont s’identifier plus à cette version virile du gothisme avec le port de lentilles de contact de couleur, de chaines et de clous.


D’ailleurs, il faut dire qu’entre 1985 et 1990, le mouvement gothique connait un foDas Ichrt déclin, du en grande partie au manque d’activité et de créativité des groupes musicaux associés au mouvement. Mais les années 90 amènent une touche de fraicheur dans le gothisme avec l’introduction des sonorité indus et métal biensur, mais surtout grâce a un savant mélange entre le synth-pop, le bathcave, la techno et l’indus que l’on appelle le « dark wave » et qui nous vient d’Allemagne et des pays de l’est (Das Ich, Feindflug, Nachtmahr, Taktikal Sekt, Wumpscut, Suicide Commando). Bien qu’apolitique, le mouvement sort de son silence et évoque des idées empruntées tantôt par l’extrême droite (Death In June), par l’extrême gauche (New Model Army), ou la branche intégriste du christianisme surtout aux Etats-Unis.


Aujourd’hui, le mouvement gothique a beaucoup perdue par rapport à ses désires premiers. Très peu de gens s’intéressent vraiment au mouvement, préférant juste en arborer la mode vestimentaire ou en écouter les groupes de références, plutôt que de chercher réellement à comprendre tout le coté morbide, macabre et déluré qui y est véhiculé. Pourquoi tant de mal, tant de souffrance, tant de torture pour l’esprit ? La réponse se trouve du côté de la société et de l’aversion d’un groupe pour ce qu’est devenu l’être humain.



Bibliographie :


EUDELINE Christian, Le Rock Gothique, Italie, Fetjaine, 2007, 159p.


EUDELINE Patrick, Goth, Le romantisme noir, de Baudelaire à Marylin Manson, Scali, 2005, 160p.


KILPATRICK Nancy, La Bible Gothique, France, Camion Blanc eds, coll. Camion Noir, 2008, 377p.


GILLES Guillaume, L’esthétique New Wave, France, Camion Blanc, 2006, 304p.


Plus généralement, les magazines Elegy et D-Side




Mickaël.

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