Un homme qui porte un blouson en cuir, les cheveux crêtés et des épingles à nourrice dans tous les sens est-il forcément un punk ? Aujourd’hui, lorsque l’on voit un homme qui arbore des vêtements déchirés de couleurs flashy ou des imprimés voyants léopard ou écossais, nous pensons tout de suite aux punks. Ce mouvement est popularisé par la mode et les médias depuis sa naissance aux Etats-Unis puis en Angleterre entre 1974 et 1976. L’esthétique punk est utilisée comme signe d’appartenance à un même mouvement d’idéologie et de comportement.
La mode Punk est définitivement liée au « Do It Yourself ». Elle est née d’un renversement des codes vestimentaires et des valeurs que véhicule le mouvement Hippie. Ainsi nous assistons au remplacement des tenues hippies de couleurs douces et des motifs rappelant les références à la nature par des tenus flashy mêlant imprimé léopard et matières synthétiques telles le plastique, vinyl ou nylon.
La philosophie punk ne se traduit pas exclusivement par ces simples traits de caractère. Il ne suffit pas de revêtir un blouson de cuir farci d’épingles de sûreté, de chaines et de capsules pour incarner le parfait punk. Selon Vérole, (synthé du groupe €uroshima et ex chanteur du groupe Cadavres) personne ne peut donner de définition définitive du mouvement punk car il est justement fait pour échapper aux étiquettes et aux définitions. Ainsi on ne peut pas dire « un punk est un homme avec une crête et des vêtements déchirés. » car les codes qui définissent le punk évoluent et diffèrent d’un groupe à l’autre. D’ailleurs, l’apparition de la crête chez les punks (Casualties, Exploited), date de la fin des années 80. Les Ramones, une des premières formations du mouvement punk fondé en 1974, en sont l’exemple avec leur look minimaliste, cheveux longs et jeans troués aux genoux. Les Sex Pistols quant à eux affichent des cheveux courts ou coiffés en pics.
La musique punk est à l’image de son idéologie et de son style vestimentaire, puisqu’elle se résume en un son saturé et imprécis, ce qui lui donne un coté « crade » comme aime le qualifier les punks eux-mêmes. Par exemple, il n’est pas nécessaire de maitriser un instrument ou le chant, comme le démontre parfaitement Sid Vicious, bassiste des Sex Pistols. Il ne savait absolument pas jouer de basse. Pourtant cela ne l’a pas empêché de devenir une icône du mouvement punk, pas forcement par sa musique mais plus par son attitude provocatrice (t-shirt à l’effigie de la croix gammée ou encore du marteau et de la faucille) résumant pour beaucoup aujourd’hui ce qu’est le punk.
Le mouvement punk connait un succès presque immédiat dans un Royaume-Uni sans politique sociale, en pleine crise économique où le seul avenir des jeunes est le chômage, d’où les paroles des Sex Pistols devenu slogan de toute une génération « There's no future, no future for you ». Le style punk est très économique (vêtements déchirés, clous, surplus militaire, chaines, cadenas). Ce style répond donc à la nécessité et l’urgence du moment. Le mouvement punk veut exprimer le refus du système de l’époque, le rejet des anciennes générations. Ainsi on retrouve ses thèmes récurrents dans les paroles des chansons. Les fameux Sex Pistols prêchent « Anarchy in the UK » et bien sur "God save the queen", les Exploited prônent des titres tels « F*ck the system », « F*ck the USA ». Le punk est généralement jugé comme sans concession et agressif. Plusieurs autres thèmes récurrents naissent du refus de la génération hippie, le sexisme, le mode de vie urbain, la violence, le pessimisme, les drogues chimiques, le mépris de soi, l'inculture, le vandalisme gratuit. Ainsi, les Exploited revendiquent « Sex and violence » tandis que les Casualties chantent « Destruction and hate in the world today » ainsi que « Kill the Hippies », la chanson « Bobies » des Sex Pistols traite de l’avortement, les X-Ray Spex mettent en place dans leur chanson « Junk food junkie » l’histoire de Johnny, un junkie, et « Oh bondage up yours » est une chanson sur les thèmes de la violence, du sexisme et du pessimisme. Le mouvement punk mêle les valeurs de liberté des années 1950 et l'autodestruction propre au poète maudit.
Aujourd’hui, le punk ne se résume plus a ce qu’il était dans les années 70, car il s’étend aussi bien à l’électro (the Prodigy), au gothique death punk (Misfits, Punish Yourself), au pop punk (Blink-182), au ska punk (Mad Caddies, Rancid) ou encore au punk rock français (Les Wampas, Les Sales Majestés). Mais bien que certains de ces groupes revendiquent les idées des années 70 le punk ne représente plus qu’une musique parmi tant d’autres et à perdu son attrait politique.
De nos jours, nombreux sont les groupes qui revendiquent leur appartenance au mouvement punk mais rares sont les dignes successeurs des Sex Pistols, Ramones et autres X-Ray Spex.
A voir :
Sid et Nancy réalisé par Alex Cox, 19 novembre 1986, 1h40
Bibliographie :
Frédéric Thebault, Génération extrême, 1975-1982, du punk à la cold wave, France, Camion Blanc éditions, paru en 2005, 386 pages.
Article de Yannick Blay, « Une histoire subjective du punk », in Elegy N°57, Janvier/Février 2009,
Nathalie
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